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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 08:31

Nicolas Sarkozy a le don de mettre sous le feu des projeteurs ce que l’opposition bien pensante elle-même refuse de critiquer. Ainsi, en annonçant qu’une (petite) partie du RSA serait  financée par une taxe de 1,1% sur le capital, le président de la République a sorti de sa torpeur un PS qui jusque là n’avait rien à dire sur le fond mais qui aujourd’hui juge cette proposition insuffisante. Insuffisante, elle l’est en effet. Faire croire que les plus aisés paieront pour les autres relève de la fumisterie avec l’intégration de cette taxe au bouclier fiscal. De fait, elle touchera bien plus largement les 12,5 millions de ménages titulaires d'une assurance-vie, dont nombreux sont parmi les plus modestes (*). L’argument consistant à dire que pour financer le RSA on va prendre aux pauvres pour donner à ceux qui le sont encore plus ne manque donc pas de sens. Il faut cependant reconnaître les progrès du gouvernement Fillon en la matière qui, l’été dernier, prenait déjà aux mêmes via le paquet fiscal (13 milliards d’euros) mais pour donner alors aux plus riches ! Ceci étant, en engageant ce débat, on se prive surtout de la possibilité de discuter sur le fond du bien fondé de la mesure promue par Martin Hirsch.  
Une gauche digne de ce nom devrait éviter de penser à courte-vue et ne pas se tromper d’objectifs. Le RSA va en effet demain prendre la suite de la prime pour l’emploi (PPE) mise en oeuvre en 2001 par le gouvernement Jospin, puis calibrée successivement par Jean-Pierre Raffarin et Dominique de Villepin sur des temps partiels. Il convient de se rappeler que celle-ci, comme le RSA à venir, ne sont rien d’autre que des impôts négatifs, autrement dit, en terme néo ou sociaux libéraux, une politique active à opposer aux mesures passives d’indemnisation des chômeurs. Or une telle politique, comme les allègements de charges patronales d’ailleurs (en réalité des parts de salaire socialisées !), participe d’un basculement d’objectifs : abandonner la recherche d’un statut stable pour les salariés, et dont l’augmentation des rémunérations était l’une des finalités, au nom de la lutte contre les rigidités structurelles du marché. Ainsi, afin d’éviter aux entreprises de prendre leur juste part dans la rémunération du travail, on culpabilise les demandeurs d’emploi en leur présentant le RSA comme une aumône qui leur serait distribuée et non comme un cadeau fait à leurs employeurs.
Au-delà même, certains pourraient être tentés de considérer que le RSA répond à une situation d’urgence. Celle-ci est évidente, quand on sait que le taux de chômage demeure en France à 7,6 % et que 7 millions de personnes, dont nombre d’entre elles sont des travailleurs, vivent dans la 6ème puissance économique mondiale sous le seuil de pauvreté. Pour d’autres pourtant, l’urgence semble ailleurs et ils n’entendent pas se contenter du transfert qui s’est opéré en 25 ans de 10 % de la richesse produite dans notre pays du travail vers le capital. Il ne suffit plus de réguler le capitalisme financiarisé, il faut désormais l’accompagner. Mais les uns et les autres font fi des dommages collatéraux, au nombre desquels on compte les temps partiels imposés, les grilles de salaire volontairement bloquées et les salariés surqualifiés.
La gauche doit aujourd’hui réaffirmer la nécessité de voir les statuts des salariés reconnus, y compris en terme salarial. Loin de l’épouvantail de l’inflation que les défenseurs du dogme libéral ne cessent actuellement d’agiter, elle se doit de réaffirmer la nécessité de répondre aux pertes de pouvoir d’achat en rendant au travail les parts dont il a été amputé ces dernières années au bénéfice des actionnaires. Les mesures compensatoires n’auraient plus lieu d’être, dès lors que le travail et les travailleurs seraient reconnus à leur juste valeur. Sur ce sujet comme sur d’autres, la Gauche a elle aussi besoin de rupture et ne peut se contenter d’accompagner les politiques prescrites par les penseurs de l’autre bord. Elle se doit au contraire de réaffirmer clairement les objectifs qui sont les siens pour défendre celles et ceux qui en ont réellement le plus besoin.
Chevilly-Larue le 8 septembre 08
Mars-Gauche Républicaine

(*) d'après l'Insee, 40,3 % des ménages, dont la personne de référence est ouvrier qualifié, avaient un contrat de ce type en 2004

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